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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/312

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le Fils de Dieu est descendu sur la terre ; vous le reconnaissez tel à un certain nombre de signes. Nous allons vous montrer que la plupart de ces signes ont reparu dans la personne, dans la vie de notre Apollonius, lui aussi thaumaturge bienfaisant, porteur de la bonne parole. Et voilà qui transporte sur le plan humain une histoire que vous placez imprudemment sur le plan surnaturel. »

Il ne faut pas croire (pour le dire en passant) que ç’ait été toujours dans une intention désobligeante que Jésus fut rapproché de certains sages du paganisme. William Cureton a publié en 1855, dans son Spicilegium Syriacum, d’après un manuscrit du British Museum[1], une lettre en syriaque d’un certain Mara Bar Serapion à son fils Serapion[2]. Mara Bar Serapion a vu détruire sa ville de Samosate ; il est tenu en prison par les Romains. Heureux, au milieu de sa misère, d’apprendre l’excellente conduite de son fils, il lui adresse quelques avis sur le peu de prix des honneurs et de l’argent, dès là qu’on les compare à la sagesse. Les Athéniens n’ont rien gagné, observe-t-il, à condamner Socrate ; ni les Samiens à brûler Pythagore ; ni les Juifs à mettre à mort leur sage roi, puisque, peu après, ils ont vu leur patrie détruite et qu’ils ont été dispersés à travers les nations. Socrate n’est pas mort (vraiment), grâce à Platon ; ni Pythagore, à cause de la statue qui lui a été élevée (sur l’ordre de l’oracle de Delphes) ; ni le sage roi, en raison des lois qu’il avait promulguées (et qui lui survivent).

  1. No 987 (Add. 14658, viie s.).
  2. p. x et 73. — La lettre fait allusion à la destruction de Jérusalem, mais ne peut malheureusement être datée avec précision. Elle est, sans doute, du second ou du troisième siècle.