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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/313

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Rien, dans cette lettre, ne décèle un chrétien, Mara Bar Serapion n’est qu’un brave païen, nourri de lieux communs de philosophie populaire. Et il ne pense assurément qu’à honorer ce « sage roi » — le Christ — en le haussant sur la même ligne que Pythagore et Socrate.

D’autres y mettaient plus de malice, comme nous l’allons voir.

V

Dès la seconde moitié du iiie siècle, cette exploitation du roman de Philostrate avait été mise en train. Albert Réville s’étonnait que « l’école philosophique d’Alexandrie, représentée par Porphyre et Jamblique, ne paraisse pas en faire plus de cas[1] ». En réalité, Porphyre n’avait nullement négligé de s’en servir ; les fragments groupés par Harnack nous permettent de nous en rendre compte. Au témoignage de saint Jérôme[2], il s’en était prévalu pour essayer d’annuler la preuve tirée des miracles apostoliques : « Ces pauvres rustres d’apôtres, écrivait-il, ont fait des miracles. Est-ce donc chose si importante que de faire des miracles ? Les Mages d’Égypte en ont opéré contre Moïse. Apollonius en a fait. Apulée en a fait. Ils en ont fait des quantités. » — Ailleurs[3] il opposait aux humiliations du Christ se laissant frapper, cracher au visage, couronner d’épines, l’attitude hardie et avisée d’Apollonius qui, après avoir résisté en face à Domitien, disparut soudain de la

  1. Revue des Deux-Mondes, t. LIX (1865), p. 638.
  2. Tract. de psalmo LXXXI (Anecdota Maredsolana, III, 2, p. 80) : texte no 4 dans le recueil de Harnack.
  3. Mac. Magnès, Apocrit. III, 1 ; texte no 63.