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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/321

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Holleaux[1], une inscription grecque, dont l’interprétation est assez délicate et où il lit un nouveau témoignage « des folles espérances et du fanatisme d’un parti qui se croyait vainqueur à la veille de la plus complète des catastrophes ». C’est, observe-t-il, « un de ces tituli commémoratifs qui énumèrent plus ou moins longuement les mérites des prophètes d’Apollon Didyméen ». Fort mutilée, cette inscription appelle de nombreux compléments, peut-être audacieux ou même téméraires. Ce qui semble s’en dégager, c’est qu’un aruspice, ayant interrogé en vain la prêtresse, songe à s’en retourner, quand le prophète[2] le reçoit sur l’escalier qui conduit à l’adyton (c’est-à-dire au sanctuaire où le dieu était censé parler) ; et là, sous l’inspiration directe du dieu, dénonce l’obstacle qui a réduit la prêtresse au silence, à savoir l’influence paralysante des chrétiens, toujours croissant en nombre ; finalement il obtient du dieu que cet obstacle soit levé et que la vaticination s’accomplisse comme d’habitude.

H. Grégoire note que « les sanctuaires prophétiques avaient couramment de ces silences à l’usage des empereurs païens dont il s’agissait de réchauffer le zèle persécuteur » ; et que plus tard, sous Julien « un pareil defectus oraculi se produisit à Daphné. Apollon, gêné par le voisinage du martyr Babylas, se tut[3] ».

Plus tard, en 311, c’est un haut fonctionnaire de l’administration des finances, le curateur (ou « logiste ») Théotecne, qui, à Antioche, organisait des pétitions

  1. Paris, 1913, p. 81 et s. — Cette inscription figure dans les Addenda du tome Ier du CIG no 2883d.
  2. Autrement dit, le prêtre : cf. Klio 18 (1923), p. 218.
  3. Le fait est raconté par Sozomène, Hist. Eccl., V, 10.