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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/322

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massives contre les chrétiens, et eut l’idée de faire parler les dieux dans un sens hostile à ceux-ci.

En dernier lieu (raconte Eusèbe[1]), il érige une idole de Zeus Philios avec des rites de magie et de sorcellerie, et il imagine pour elle des cérémonies impures, des initiations de mauvais augure, et d’abominables purifications ; il étalait jusqu’auprès de l’empereur son prestige par des oracles qui l’accréditaient. Enfin cet homme, pour flatter le maître dans ce qui lui fait plaisir, excite le démon contre les chrétiens et dit que le dieu ordonne qu’ils soient chassés hors des limites de la ville et du territoire qui l’entoure, comme étant ses ennemis.

La mise en action du surnaturel païen fut donc, en ce début du ive siècle, un des moyens qui, en Orient, furent systématiquement employés pour galvaniser la mollesse des foules, favoriser les paniques religieuses et fomenter la persécution.

Dans sa lettre aux habitants de Tyr[2], Maximin Daia utilisait de son mieux cet expédient :

C’est à juste titre, déclarait-il, que votre cité peut être appelée le siège et la demeure des dieux immortels, et nombre de prodiges significatifs attestent que si elle est florissante, c’est que les dieux célestes sont venus l’habiter.

« On découvre ici, a remarqué fort justement Mgr Batiffol[3], une esquisse d’apologétique païenne, qui, après avoir traité le christianisme de songe-creux, fait appel à l’argument des prodiges pour justifier la foi aux dieux descendus du ciel et élisant domicile au milieu des hommes pieux. »

Après la victoire du christianisme, théurges et hiéro-

  1. Hist. Eccl., IX, iii (trad. Grapin, III, p. 13).
  2. Eusèbe, Hist. Eccl., IX, vii, 5.
  3. La Paix Constantinienne, p. 208.