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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/325

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en prirent l’initiative, se doutant bien qu’il leur en saurait gré[1]. L’inscription d’Arykanda nous fournit un intéressant spécimen de ce genre de referendum. Le rescrit de l’empereur est écourté ; mais nous sommes assurés de nous former une idée exacte de son contenu d’après un rescrit analogue adressé aux habitants de Tyr, et qu’Eusèbe a pris la peine de traduire en grec[2].

Sous des formes onctueuses et patelines, avec toutes sortes de circonlocutions verbeuses, Maximin s’y félicitait que la « pensée humaine » fût en train de se revigorer, après avoir subi l’assaut déprimant « d’hommes moins impies encore que malheureux », et qu’un renouveau si sensible de piété se manifestât à l’égard des dieux, sans la providence desquels les pires fléaux s’appesantiraient sur l’univers. Il invitait la cité à chasser de son sein ceux qui persévéreraient dans leur « maladie » ; et pour la remercier de sa manifestation « spontanée » il lui laissait le choix de la faveur qu’il promettait de lui accorder.

X

Maximin ne se mettait d’ailleurs pas en grands frais d’imagination pour préparer l’opinion aux mesures persécutrices qu’il méditait. Il se contentait de raviver les anciens griefs, les vieilles accusations déjà à demi oubliées, dont il pensait, non sans raison, que la virulence n’était pas tout à fait éteinte. Par exemple, dans sa lettre aux habitants

  1. Cf. Eusèbe, Hist. Eccl., ix, 6 et 7 ; Lactance, De Mortibus Persec., 36.
  2. Ibid., IX, 7, 3 et s. — Voir aussi le rescrit de Maximin à Sabinus, IX, 9², spécialement le § 6.