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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/326

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de Tyr, il laissait entendre que les chrétiens, en provoquant la colère des Dieux, devaient être tenus pour directement responsables des calamités dont l’Orient avait plus d’une fois pâti (mauvaises récoltes, guerres, sécheresses, tempêtes, séismes, et pis encore[1]). Plus d’un siècle auparavant, Tertullien notait déjà : « Le Tibre a-t-il débordé dans la ville, le Nil n’a-t-il pas débordé dans les campagnes, le ciel est-il resté clos, la terre a-t-elle tremblé, la famine ou la peste ont-elles éclaté, c’est aussitôt une clameur : « Les chrétiens au lion[2] ! » Mais ce qui rend probable que cette imputation circulait de nouveau partout, c’est que le rhéteur Arnobe, qui écrivait en Afrique dans les premières années du ive siècle, en a fait le point de départ de son Adversus Nationes. Et il ne manque pas de signaler que ces ineptes calomnies sont répandues et exploitées par les aruspices, les devins (coniectores), les diseurs de bonne aventure (harioli), les oracles (vates), les pseudo-inspirés (fanatici), qui voient diminuer le nombre de leurs clients et redoutent la fin des profits qu’ils tiraient de ceux-ci[3]. Ou bien, Maximin faisait publier partout un rapport émanant d’un dux, c’est-à-dire d’un chef militaire, de la province de Phénicie[4], lequel dénonçait les turpitudes dont les chrétiens se rendaient coupables, spécialement dans les églises. Or le dux tenait ses renseignements de prostituées ramassées dans les rues de Damas, à qui il avait extorqué des déclarations écrites, sous menace de la torture[5]. Certaines données d’Origène font voir que ces calomnies,

  1. Eusèbe, Hist. Eccl., IX, vii, 8-9.
  2. Apol., xl, 2.
  3. Adv. Nat., I, 24 (Reifferscheid, p. 16).
  4. La Phœnicia ad Libanum ; il y avait aussi la Phœnicia maritima.
  5. Eusèbe, Hist. Eccl., IX, vii, 2.