Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

désavouées par la plupart des adversaires du christianisme, se colportaient encore sous le manteau, vers le milieu du iiie siècle[1]. Il n’était point maladroit de leur donner un regain de popularité, en les étayant d’enquêtes plus ou moins truquées.

XI

Maximin ne s’en tint pas là. Au témoignage d’Eusèbe[2], il fit fabriquer des Actes de Pilate, « remplis de toutes sortes de blasphèmes contre le Christ ». Les fonctionnaires se chargèrent de donner à cette pièce une large diffusion. « Selon la volonté du souverain, rapporte Eusèbe, ils les envoient à tout le pays de sa juridiction, et, par des affiches, ils recommandent qu’en tous lieux, dans les campagnes comme dans les villes, on les porte à la connaissance de tous ; que les maîtres d’école prennent soin de les remettre aux enfants, en substitution des ordinaires matières scolaires, et qu’ils les leur fassent apprendre par cœur. »

On remarquera qu’un travail d’imagination s’était fait de bonne heure autour de la personne de Pilate. En dépit des atermoiements, des molles hésitations et des échappatoires du procurateur, le récit des Évangiles le montrait fort peu convaincu de la culpabilité de Jésus, en faveur de qui sa femme même, tourmentée par un songe, était intervenue.

On supposa que Pilate avait dû libérer sa conscience, soit dans un procès-verbal judiciaire relatif au procès, soit

  1. Origène, Contra Celsum, vi, 40.
  2. Hist. Eccl., IX, v, 1.