Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans un rapport à l’empereur. Il paraît probable que, dès le second siècle, des pièces de ce genre, forgées par quelque main trop zélée, coururent dans les milieux chrétiens[1]. — Maximin, lui, utilisa le nom de Pilate dans un dessein tout contraire : sans doute montrait-il le représentant de l’autorité romaine, lequel avait été parfaitement au courant de la procédure, dénonçant les impostures de sa victime. Lucien d’Antioche (un des précurseurs de l’arianisme, qui subit courageusement le martyre, le 13 janvier 313) fait allusion dans un Discours apologétique[2] à ces Actes de Pilate, dont l’esprit et l’intention étaient si différents de l’ancienne rédaction chrétienne. « Les enfants, dit encore Eusèbe[3], avaient continuellement à la bouche, dans les écoles, les noms de Jésus et de Pilate, et les Actes fabriqués par outrage. »

XII

À côté de ces diverses combinaisons de politique pratique, Maximin Daia tenta d’introduire dans les cultes païens une centralisation mieux aménagée et de leur assurer le profit d’un personnel de choix. En même temps, il rénovait et multipliait les centres cultuels :

  1. Saint Justin, dans sa Ire Apologie, rédigée vers 150, renvoie par deux fois ses lecteurs, à propos du récit de la Passion, aux Actes de Pilate (I, 35 et 48). Tertullien écrit, en 197, dans son Apologeticus (xxi, 24), après avoir résumé ce même récit : « Pilate, qui était lui-même déjà chrétien dans son cœur, fit connaître tous ces faits relatifs au Christ, à Tibère, alors César. » Et prévoyant une objection sur le peu d’effet d’un pareil témoignage, il ajoute : « Les Césars même auraient cru au Christ, si les Césars n’étaient pas nécessaires au siècle, ou si les Césars avaient pu être chrétiens en même temps que Césars. » Nous possédons dans les Actes apocryphes de Pierre et de Paul une lettre de Pilate à Claude. Elle est très favorable à Jésus, très hostile aux Juifs.
  2. Routh, Reliquiae Sacrae, 2e éd., t. IV, p. 6, ligne 22.
  3. IX, vii, 1.