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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/329

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Maximin ordonnait d’élever des temples dans toutes les villes et de rebâtir avec diligence les sanctuaires que la vétusté avait détruits. Il établissait des prêtres d’idoles en tout lieu, dans toutes les villes ; il plaçait au-dessus d’eux dans chaque province un grand prêtre choisi parmi ceux qui s’étaient le plus brillamment distingués dans les services publics, et il lui attribuait une escorte militaire et une garde du corps[1].

Eusèbe revient encore, plus loin[2], sur le soin avec lequel Maximin choisissait parmi l’élite des magistrats municipaux les ἀρχιερεῖς qu’il chargeait de surveiller tout le corps sacerdotal ; et il constate que ceux-ci « montraient un grand zèle dans l’exercice des cérémonies qu’ils accomplissaient ». Ils furent les plus ardents animateurs de la lutte antichrétienne.

Pour combattre le christianisme, Maximin n’avait cru pouvoir mieux faire que d’imiter l’organisation catholique, telle qu’elle s’était progressivement développée (surtout en Orient), avec ses évêques de ville et même de campagne, et ses provinces ecclésiastiques dirigées par un métropolitain (lequel était, en général, l’évêque de la ville principale de la province). « Ce fut là, remarque Adolf von Harnack non sans quelque ironie, le plus grand, en tout cas le plus manifeste triomphe de l’Église avant Constantin[3] ! »

XIII

Il manquerait un dernier trait à ce tableau de l’esprit public, ainsi travaillé par d’habiles meneurs, si nous ne rappelions qu’il est, non seulement possible, mais très

  1. Eusèbe, Hist. Eccl., VIII, xiv, 9.
  2. IX, iv, 2.
  3. Mission und Aubsr., 3e éd., I, p. 467.