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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/385

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« Maître[1] », son cher Maxime-385, qui eut le bon esprit de se faire désirer quelque temps, et puis enfin rejoignit Julien à Constantinople, « entouré des hommages de toute l’Asie[2] ». Maxime devint le personnage le plus important de la cour, mais ne tarda pas à se rendre insupportable aux gens du palais par son faste orgueilleux et sa détestable humeur[3]. Ensuite Priscus, autre philosophe néoplatonicien, qui se fit, à côté de Maxime, son directeur spirituel[4] : c’est Maxime et Priscus, qui, deux ans plus tard, se pencheront sur son lit d’agonie, et par de suprêmes discussions, l’aideront à franchir le douloureux passage[5] ; Salluste, l’auteur d’une sorte de memento de la doctrine de Jamblique, où était résumé tout ce qu’il importait de savoir sur les vérités incluses dans les mythes et les meilleurs procédés pour l’union de l’âme avec la divinité[6] ; Libanius, enfin, le vieux rhéteur qui, malgré l’intérêt très ardent qu’il portait à l’œuvre de restauration du paganisme déjà esquissée par Julien, n’avait nullement cherché à se glisser dans sa faveur, et attendit sagement que l’empereur lui fit des avances[7]. Cet entourage, dont Julien avait soigneusement choisi les éléments, était animé des mêmes ardeurs ferventes, des mêmes haines, des mêmes espoirs que lui, ou se donnait les airs de l’être. C’est dans cette atmosphère échauffée, surexcitante, qu’il vivait conti-

  1. Ép. 89, Bidez, p. 152, l. 12.
  2. Eunape, Vitae Sophist., éd. Boissonade, p. 477, l. 13.
  3. Eunape, Vitae Sophist., Maximus (p. 477, l. 33).
  4. Noter les termes d’affectueux respect que Julien employait à son égard dès le temps où il vivait en Gaule (Ép. 11, Bidez, p. 18) ; cf. Ép. 12 et 13.
  5. Ammien-Marcellin, XXV, iii, 23 : ipse (Iulianus) cum Maximo et Prisco philosophis super animorum sublimitate perplexius disputans…
  6. Éd. A. Nock, Camb., 1926. Cf. Cumont, dans Rev. de Philologie, t. XVI (1892), p. 55 et s. ; Gnomon, 1927, p. 347 et s.
  7. Bidez, L’Empereur Julien, lettres et fragm., p. 107 et s.