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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/394

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Le Christ, écrivait-il encore aux habitants d’Antioche dans son Misopogon composé pendant l’hiver de 362-363, vous l’aimez, et vous l’avez pris comme protecteur de votre cité au lieu de Zeus et du dieu de Daphné et de Calliope… Vous avez choisi l’athéisme[1] !

Dans le Symposion (rédigé fin décembre 362), au cours d’une description à demi bouffonne d’un repas offert par Romulus Quirinus aux dieux et aux empereurs déifiés, Julien trouve prétexte à passer en revue ses prédécesseurs. Il se montre peu clément pour Constantin, et il fait une allusion au baptême chrétien, qui rend purs les pires scélérats, à la pénitence qui lave leurs forfaits. Il prête à Jésus ce discours : « Que quiconque est séducteur, meurtrier, sacrilège ou infâme vienne ici hardiment. Baigné de cette eau-ci, je le purifierai sur place ; et s’il retombe dans les mêmes crimes, pour peu qu’il se frappe la poitrine et se tape sur la tête, je lui rendrai sa pureté[2]. »

Sa correspondance est plus fertile encore en expressions et en remarques désobligeantes. Plus d’une fois, dans nos manuscrits, le développement antichrétien n’est qu’amorcé, et s’arrête subitement. Un copiste n’aura pu se résoudre à transcrire un terme ou un passage injurieux, et les éditeurs modernes se voient obligés de signaler dans le texte une lacune[3]. Julien prenait la peine d’écrire d’Antioche à l’hérésiarque Photin, évêque de Sirmium, pour le féliciter « de rester près du salut, en se gardant avec raison d’introduire dans le ventre d’une mère celui qu’il prend pour un Dieu[4] ». Il esquissait, d’une façon d’ailleurs assez inop-

  1. P. 357 C, Hertlein.
  2. P. 336 A, Hertlein. Voyez aussi l’Hymne à la Mère des Dieux (Hertlein), p. 194 C ; 180 B ; le Discours au Roi Hélios, p. 131 A.
  3. Cf. Bidez, Lettres, p. 61, 103, 155, 159, 174, 183, 195.
  4. Cf. 90 (Bidez, p. 174).