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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/435

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Julien essaya d’abord de calmer pacifiquement les dissensions entre évêques, c’est qu’il avait expérimenté « qu’il n’y a point de bêtes féroces aussi hostiles aux hommes que le sont entre eux bon nombre de sinistres personnages parmi les chrétiens[1] ».

À propos des compétitions entre Ursinus et Damase pour le siège romain, il note que si les candidats mettent tant d’ardeur à se disputer cette charge, c’est que les avantages positifs n’y manquent pas :

J’avoue comprendre, lorsque je considère le train de la vanité à Rome, que des hommes désireux de ce poste épuisent leurs poumons en disputes pour arriver au but de leurs ambitions. Une fois qu’ils l’ont atteint, les voilà délivrés de soucis. Ils s’enrichissent des cadeaux des matrones ; ils vont splendidement vêtus, installés sur des chars ; leurs tables sont servies avec une telle profusion que leurs repas surpassent les festins des rois. Ils pourraient cependant jouir du bonheur véritable en méprisant la splendeur de la Ville, qu’ils donnent comme excuse à leurs vices, et en vivant à l’imitation de quelques évêques de province, que leur extrême sobriété dans le boire et le manger, que leur simplicité dans le vêtement et leurs regards tournés vers la terre recommandent au Dieu éternel et à ses vrais adorateurs, comme des hommes purs et dignes de tout respect[2].

À l’égard des martyrs, Ammien s’exprime avec respect, il parle de « ces hommes qui, poussés à renier leur religion, ont supporté de cruels supplices, et ont marché jusqu’à une mort glorieuse sans souiller leur foi : et nunc martyres appellantur[3] ». Mais il n’aime pas beaucoup le culte qu’on leur voue. Ce culte lui inspire les mêmes défiances qu’à Julien ; et c’est avec une ironie presque indignée qu’il montre le chef des troupes d’Orient, Sabi-

  1. XXII, 5, 4.
  2. XXVII, 3, 14-15.
  3. XXII, 11, 10.