Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/444

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment appliquée, est-elle compatible avec les nécessités qui s’imposent à tout État ? Ne jamais rendre le mal pour le mal ; à qui vous a frappé, présenter l’autre joue ; donner son manteau à celui qui veut prendre votre tunique, de tels principes ne favorisent-ils pas les agressions injustes, toute sanction étant d’avance interdite ?

Augustin ne se refusait à aucune discussion, n’éludait aucun litige. Il jugeait même ces controverses profitables, en un sens, puisqu’elles obligeaient ceux qui y étaient attirés à scruter les mysteria fidei, au lieu de s’engourdir dans une trop quiète possession de la vérité[1]. Il répondait avec clarté, avec fermeté, en subtil dialecticien, mais aussi en homme de foi contagieuse et sûre d’elle-même. « Qu’ils se moquent de nos Écritures, s’écriait-il[2], qu’ils s’en moquent tant qu’ils voudront, pourvu que les rieurs deviennent de jour en jour plus rares, parce qu’ils meurent ou parce qu’ils croient ! » Et il terminait ainsi cette même lettre 102[3]. « Que celui qui a posé ces questions se fasse chrétien, de peur que voulant préalablement en finir avec les questions sur les Livres saints, il n’en finisse avec la vie avant de passer de la mort à la vie ! »

III

Il arrivait parfois qu’au lieu d’être alerté par quelque ami, il fût directement pris à partie par tel représentant

  1. In Ioh. tract. XXXVI, 6 ; Sermo 51, 11 ; de Vera Relig., 15.
  2. Ép. 102, 32.
  3. § 38.