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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/447

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homme[1] ; sur les impossibilités de la résurrection charnelle[2] ; on se moquait de leur vie mortifiée[3] ; on soulignait les dissensions dogmatiques qui les dressaient les uns contre les autres, en dépit de leur prétention à observer la « charité[4] » ; on racontait que le succès du christianisme n’était dû qu’aux sortilèges dont saint Pierre s’était servi[5], etc.

Parfois aussi ces offensives prenaient une forme plus détournée, plus subtile, et beaucoup plus dangereuse qu’un simple persiflage. — Dans un de ses sermons sur l’Évangile de saint Jean[6], Augustin fait allusion, dès les premières lignes, au jour où il parle, « jour d’allégresse pour les débauchés de la ville ». Il se félicite de voir devant lui un nombreux auditoire, mais constate que beaucoup de femmes n’ont guère marqué d’empressement, encore qu’ « à défaut de la crainte de Dieu, un sentiment de pudeur aurait dû les éloigner du tumulte de la rue ».

La fête païenne qu’il vise, c’est la festivitas sanguinis, célébrée le 24 mars en l’honneur d’Attis (Augustin dit « en l’honneur de je ne sais quelle femme » : sans doute songe-t-il à Cybèle[7]). Les Galli se tailladaient les bras et couraient à travers les rues en poussant des clameurs frénétiques. À leur sang impur, il oppose « le sang de l’Agneau qui a créé le monde ». Et il remarque que les esprits pervers avaient prévu la venue du Christ, sans en savoir l’époque exacte :

  1. In Ps., 93, 15 ; 118, 26 ; de Praedest. Sanct., 16, 32 ; Sermo 62, 9.
  2. De Civ. Dei, xxi, 2 ; xxii, G ; Sermo 241 ; 262 ; 243 ; 296.
  3. Sermo 361, 4.
  4. Sermo 47, 28.
  5. De Civ. Dei, xvur, 53. Autres traits intéressants in Ps. 101, 10 ; 134, 20 ; 136, 9.
  6. Tract. in Joh. vii, 1 (Patrol. lat., 35, 1440).
  7. Les mauvais propos auxquels cette fête donnait lieu avaient déjà préoccupé l’auteur des Quaestiones Veteris et Novi Testamenti : voy. p. 496.