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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/452

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Nous ne l’envisageons ici qu’au point de vue du parti que la polémique païenne a tiré de ces démarquages, vrais ou supposés. Quelques brèves remarques, pourtant, s’imposent.

Qu’il y ait eu, du côté païen, des imitations voulues des rites et des symboles chrétiens, la chose n’est pas douteuse, et elle est de moins en moins contestée. Dans l’intention de l’empereur Julien, par exemple, cette concurrence systématique est un fait certain[1] : Julien fut hanté du désir d’imiter, sur un plan différent, les moyens qui avaient assuré la réussite de la doctrine qu’il détestait. — En d’autres cas, elle doit être tenue pour probable, de l’avis des historiens les plus compétents.

C’est ainsi qu’Ad. von Harnack maintient fermement, contre les doutes de certains, que si, entre le christianisme et le mithriacisme, il y a eu « emprunts », c’est bien plutôt au compte du mithriacisme qu’ils doivent être inscrits[2]. Il s’approprie les conclusions de Roese[3], qui, après avoir énuméré les analogies doctrinales et rituelles, observait, 1o que le mithriacisme, partout où son flot a victorieusement passé, de la Babylonie jusqu’à l’Italie, s’est remarquablement adapté aux religions des pays qu’il envahissait ; 2o que tel détail significatif, par exemple la présence de bergers à la naissance du dieu, n’apparaît que dans un tout petit nombre de représentations figurées mithriaques, alors qu’on devrait le reconnaître plus ou moins clairement sur tous les autels du dieu, s’il avait fait authentiquement partie de sa légende. — Harnack estime, au total, que les rites chrétiens ne décèlent aucune influence

  1. Cf. p. 389.
  2. Mission and Ausbr., 3e éd., t. II, p. 336.
  3. Stralsunder Programm, 1905.