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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/453

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du mithriacisme, et que les analogies, quand elles ne sont pas illusoires, procèdent de l’essence même des deux religions, de l’esprit de l’époque, ou du « matériel » commun à tous les cultes.

Pareillement Carl Clemen est fort peu disposé à admettre une action directe de la religion d’Isis sur le christianisme[1]. Zeller maintient, contre Reitzensten, W. Kroll et J. Kroll, E. Norden, W. Bousset, que la littérature « hermétique » a été sensiblement influencée par la doctrine chrétienne[2]. Geffcken estime qu’on ne saurait montrer trop de prudence dans ces « rapprochements », où la virtuosité des historiens s’est permis de si audacieux exercices[3]. En ces difficiles questions on ne pourra s’entendre que lorsqu’on sera tombé d’accord sur quelques points de méthode. Avant de parler « d’emprunts », soit d’un côté, soit de l’autre, on devra reconnaître : 1o que toutes les religions, du moment qu’elles visent à établir un commerce entre l’homme et Dieu, sont dans le cas d’user de symboles qui se ressemblent ; car, dans cet ordre, le vœu de la nature humaine ne saurait varier indéfiniment[4] ; 2o que, vivant et se développant au milieu de la civilisation gréco-romaine, le christianisme n’a pu rejeter systématiquement toutes les formes où s’exprimait jusqu’alors le sentiment religieux, encore qu’il en répudiât quelques-unes ; 3o que « des ressemblances ne supposent pas nécessairement une imi-

  1. Studien Heinrici dargebracht, Leipzig, 1914, p. 271 et s.Comp. l’important article de Lagrange, sur Attis et le Christianisme, dans la Revue Biblique, t. 16 (1919), p. 419-480.
  2. Philos. der Griechen, t. III, 2⁴ (1903), p. 243.
  3. Ausgang…, p. 122 et s.
  4. C’est ce que remarquait déjà Origène (C. Celsum, I, iv et v), mais surtout à propos des « notions communes » de la morale.