Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/458

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exclusivement consacré. On y lit que les controverses entre juifs et chrétiens restaient très ardentes, et que, déniant aux chrétiens tout droit sur l’Ancien Testament puisque ceux-ci n’observaient plus les rites prescrits, les Juifs portaient dans ces discussions quelque chose de l’âcreté du « fiel » et du « vinaigre » offerts à Jésus agonisant[1].

En un certain sens, le développement du christianisme ne nuisait pas tellement à la cause juive. Les Juifs avaient été souvent traités avec le plus insolent mépris par les littérateurs et les historiens grecs et romains qui avaient rencontré ou cherché l’occasion de parler d’eux. Mais, chose curieuse, à mesure que le christianisme était apparu au regard des polémistes païens toujours plus dangereux et plus haïssable, les Juifs avaient bénéficié de ce transfert d’animosité, soit que ces polémistes leur fussent reconnaissants de leur fournir des arguments efficaces, soit que leur capacité de réprobation se dépensât tout entière contre ces adversaires nouveaux. Celse loue les Juifs d’observer fidèlement les lois et la religion de leurs pères[2], encore qu’il fasse des réserves sur leur prétention à être le peuple élu, plus saint que tous les autres[3]. Porphyre les compte parmi les dépositaires de la vraie sagesse[4] ; il les préfère nettement aux chrétiens, pour leur manière de concevoir Dieu, et trouve fort bien qu’ils aient exécuté Jésus[5]. Quant à Julien, il leur réserve une dilection particulière, dont nous avons déjà défini la nature et les motifs[6], apparentés

  1. v, 6 ; cf. i, 2.
  2. Contra Celsum, v, 25.
  3. Ibid., v, 41.
  4. Ap. Eusèbe, Prép. Év., IX, 10 (Gifford, p. 412-413).
  5. Ap. Augustin, Cité de Dieu, XIX, 23, 1.
  6. Page 404 et s.