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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/488

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Par ses origines, ce genre se rattache à la tradition hellénique ; mais il répondait aussi à un ordre de préoccupations nouvellement surgi dans beaucoup d’esprits. Et il est manifeste que ceux qui en usèrent se proposaient souvent de contrebattre des attaques adverses dont il est intéressant de déterminer les principaux objectifs.

En ce sens les « Questions » chrétiennes offrent, par rapport à la tradition antérieure, une réelle originalité.

Il serait superflu d’énumérer ici tous les ouvrages antiques qui s’offrent à nous sous la forme de « problèmes » et de « solutions », ou de « questions » et de « réponses ». Cette méthode d’exposition — dont la valeur pédagogique est indiscutable —, Aristote l’avait quelquefois pratiquée. À défaut des Προβλήματα qu’il avait composés, il nous est venu sous son nom deux recueils qui portent ce même titre : ils touchent à l’histoire naturelle, à la musique, à la poésie, et des éléments authentiquement aristotéliciens s’y mêlent à d’autres éléments empruntés à Hippocrate, à Théophraste, etc.[1]. Le genre « problème » ou « aporie » devint un moule commode dont la philosophie (surtout dans la secte stoïcienne), la grammaire, la médecine même, tirèrent parti. Nous en avons d’intéressants spécimens dans les Questions romaines et les Questions grecques de Plutarque, ou encore dans ses Quaestiones convivales où une foule de menus problèmes de morale, d’esthétique, de grammaire, de physique sont débattus, au cours d’une série de repas entre amis.

C’était là un cadre avantageux : il dispensait les auteurs

  1. Voy. W. v. Christ, Griech. Literaturgesch., I⁶, p. 737 ; W. Capelle, dans Hermès, 45 (1910), p. 329 et s.