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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/495

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imitassent ces abominations, et on n’est qu’un « sot », quand on les a en horreur.

Autres griefs païens, toujours accompagnés du même qualificatif désobligeant. « Votre croyance est absurde, nous disent-ils. La raison ne peut admettre que Dieu ait un fils, ni que des corps déjà morts et en décomposition se reconstituent et revivent[1]. » À quoi l’anonyme répond que Dieu a voulu appuyer ses affirmations de l’autorité décisive des miracles : Quae enim maior poterit esse testificatio veritatis quam est operatio virtutis[2] ? Celui qui juge incompréhensible que le Christ, fils de Dieu, ait été crucifié, la résurrection de Jésus ne doit-elle pas le rassurer et lui ouvrir les yeux ? Excusat enim resurrectio crucem[3]. Si l’on peut parler ici de « sottise », c’est pour la mettre au compte de ceux qui plus Deo non dant quam potest mundus[4].

Voici maintenant un débat d’une autre sorte, où il nous faut reconnaître un argument déjà mis en valeur, peu d’années auparavant, par l’empereur Julien[5]. Il s’agit du dialogue paradisiaque entre Ève et le serpent tentateur[6].

L’on demandera peut-être : « Dans quelle langue estimez-vous que le serpent ait parlé à la femme ? » Sans aucun doute, il a parlé par la bouche d’un serpent ! S’il ne manque pas aujourd’hui de gens qui comprennent les aboiements des chiens, les hurlements des loups, le barrissement de l’éléphant et le caquet des poulets, pourquoi la femme, toute neuve encore (rudis adhuc[7]), n’aurait-elle pas pu connaître et comprendre le sifflement des serpents, alors que nous constatons que

  1. § 18 (p. 311, l. 18).
  2. P. 312, l. 7.
  3. P. 313, l. 18.
  4. P. 313, 13.
  5. Cf. plus haut, p. 400.
  6. Quaestio xxxi, (p. 60, 1)
  7. C’est-à-dire toute proche de la primitive nature.