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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/52

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fort cruel en ses dernières années, le fit mettre à mort, ou l’obligea à se tuer. Selon Dion Cassius, ce châtiment rigoureux aurait immédiatement suivi l’adoption. — Il faut donc supposer que la lettre aurait été écrite dans le très court délai entre l’adoption de L. Ceionius Commodus et l’exécution du vieux Servianus, — et près de six ans après la visite d’Hadrien en Égypte (alors qu’elle a si bien l’air de refléter des impressions toutes fraîches encore). Que de difficultés !

On comprend le peu de crédit que cette lettre, évidemment forgée, trouve auprès des historiens modernes[1].

Convenons que, même authentique, elle n’aurait pas grande portée. Harnack n’a point tort de la qualifier de höchst oberflächliche[2], c’est-à-dire de superficielle au plus haut point. Il est aussi difficile de se représenter un évêque chrétien du second siècle faisant ses dévotions à Sérapis qu’un patriarche juif adorant le Christ. Quand des superstitions païennes se sont insinuées dans le culte chrétien, ce n’a jamais été par dessein délibéré et « syncrétisme » voulu. Hadrien avait cette forme de dilettantisme qui s’amuse des multiples aspects et des contrastes qu’offre la vie, sans pousser au delà du chatoiement des apparences. Si ces lignes étaient de lui, c’est qu’il aurait pris prétexte de quelques anecdotes plus ou moins consistantes pour s’égayer aux dépens des Égyptiens, — des Alexandrins, surtout — et pour railler leurs dévotions interchangeables. Mais à quoi bon épiloguer sur un document aussi peu sûr ?

  1. Mommsen, Röm. Geschichte, V, 576, 1 ; 585, 2 ; A. Hausrath, Neutest. Zeitgesch. III (Heidelberg, 1874), p. 505 ; W. Weber, Unters. zur Geschichte des Kaisers Hadrian, Leipzig, 1907, p. 88 et s.
  2. Altchr. Liter. I, 867.