Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans la tactique familière aux uns comme aux autres[1].

L’allusion jetée en passant par Ælius Aristide s’éclaire donc d’une vive lumière dès qu’on se rend compte des rapports de fait et des analogies apparentes qui favorisaient certaines confusions et les rendaient, non seulement faciles, mais presque excusables[2].

VI

Le cas de Fronton, autre rhéteur illustre, est un cas assez piquant dans l’histoire littéraire. De son temps (sa vie s’encadre à peu près entre 100 et 180 de notre ère), il fut considéré comme un talent de premier ordre, comme un nouveau Cicéron[3], et les écrivains chrétiens eux-mêmes se sont faits l’écho de la durable admiration qu’il inspirait[4]. Confiants en des témoignages si louangeurs, les lettrés modernes déploraient la perte presque totale de ses écrits, quand, en 1815, le bibliothécaire Angelo Mai découvrit à l’Ambrosienne de Milan, dans un palimpseste du vie siècle provenant de Bobbio, une partie de sa Correspondance. Quelques années plus tard, il complétait sa trouvaille à l’aide d’un manuscrit du Vatican[5]. Il put donner ainsi une édition

  1. Voir plus loin, p. 393.
  2. J’ai à dessein laissé de côté un passage du discours 37 de Dion Chrysostome, qui a été restitué à Favorinus d’Arles par Maass (Philol. Unters. hsg. von Kiessling, 3, 1880, p. 133). Il y est question de certaines gens qui osent décrier un Socrate, un Pythagore, un Platon, sans épargner les dieux mêmes (texte dans l’éd. Dindorf, de Dion, II, 302). Il n’est nullement prouvé que Favorinus songe aux chrétiens, plutôt qu’aux cyniques et à leurs irrespects.
  3. Fronto, Romanae eloquentiae non secundum, sed alterum decus (Paneg. latini, VIII (= V) 14, 2).
  4. Par ex. saint Jérôme, dans sa Chronique, à l’année 2180 = 164 ap. J.-C. : Fronto orator insignis habetur.
  5. Le Vaticanus 5750, qui n’est, en réalité, qu’une partie du manuscrit de Milan.