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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/92

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Cæcilius ne nomme pas le Cirtensis dont il rappelle l’intervention oratoire ; mais Octavius qui, dans sa réponse, suit pas à pas l’argumentation qu’il veut réfuter, ne nous permet aucun doute :

Quant au festin incestueux, c’est un énorme mensonge que la conjuration des démons a imaginé contre nous, afin de souiller la gloire de la chasteté par l’outrage d’une infamie monstrueuse, et d’écarter ainsi de nous les gens, en les effrayant par cet abominable soupçon, avant qu’ils aient eu le temps de scruter la vérité. C’est ainsi qu’à propos de ce banquet, ton Fronton, lui aussi, n’a pas apporté un témoignage, une déposition ; il n’a fait que lancer une insulte comme un déclamateur[1]

Cirtensis noster n’implique pas que Cæcilius et Fronton fussent compatriotes, nés tous deux à Cirta (= Constantine[2]). L’expression a une portée un peu différente : elle signifie quelque chose comme « notre grand homme de Cirta », « l’homme éminent qui, né à Cirta, lutte de notre côté ».

Dans quelles conditions Fronton avait-il prononcé le discours dont Cæcilius fait état ? Nous ne sommes pas en mesure de le savoir. Peut-être l’avait-il articulé devant le Sénat (il y était entré sous Hadrien) ; peut-être l’avait-il présenté sous la forme d’une recitatio, c’est-à-dire d’une lecture publique. Gaston Boissier[3] supposait qu’ayant rencontré un chrétien parmi ses adversaires dans quelque débat devant les tribunaux, il avait profité de l’occasion pour attaquer en bloc la secte tout entière. Boissier

  1. Octavius, xxxi, 1-2.
  2. Cæcilius eût dit plutôt, en ce cas : Fronto noster. Quand Cicéron parle de Marius, né comme lui à Arpinum, il ne dit pas Arpinatem nostrum, mais municipem meum. Voy. A. Elter, Proleg. zu Min. Felix, Bonn, 1909, p. 14.
  3. Revue des Deux-Mondes, 1879, I, p. 72.