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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/170

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MOLIÈRE.

les vices les plus odieux qu’il voyait sévir autour de lui et quelques-unes des vertus qu’il y avait pu rencontrer. Dans Tartuffe, c’est l’Église mise en jeu dans un centre de bourgeoisie opulente, déjà très aristocratique, dans Don Juan, la grande noblesse mêlée aux gens de métiers et au bas peuple des campagnes, dans le Misanthrope, la noblesse de cour, la noblesse éclairée, dans un salon de Paris ou de Versailles. Partout les questions sociales, morales et religieuses se trouvent soulevées par les éloquences ou les railleries du dialogue comique ou sérieux. Que l’auteur ait eu, oui ou non, l’intention de déchaîner des tempêtes, ou que la seule profondeur de son observation, exprimée en des images si vives, ait donné à sa satire une portée inattendue, le fait est que depuis trois siècles, comme à leur apparition, on discute sur le caractère même des trois figures colossales et désormais légendaires, autour desquelles se meuvent les trois actions, Tartufe, Don Juan, Alceste. Malgré ce qui peut rester d’énigmatique dans la complication psychologique de ces protagonistes, malgré cette mixture incessante du drolatique et du sérieux, des rires et des colères, de l’ironie et de l’affirmation, nécessité primordiale de la comédie et, dans le cas présent, passeport indispensable aux hardiesses satiriques, il est facile, néanmoins, d’en dégager, sur tant de points importants, la vraie pensée de Molière à ce moment.

Dans Tartuffe et Don Juan, a-t-il voulu seulement démasquer l’hypocrisie religieuse, telle qu’elle se pratiquait autour de lui ? A-t-il voulu, en plus, sous