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Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/180

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MOLIÈRE.

phrase de ce criminel « manque toujours de cette complexité organique, dans laquelle chaque idée et chaque membre d’idée s’ordonne et se subordonne ». Il ne construit pas de périodes !… Il développe le sens au moyen de tautologies et de périphrases !… »

Que répondre à ce foudroyant réquisitoire ? Molière s’en fût vengé, sans doute, en le mettant, sans grands changements, dans la bouche de Pancrace, Trissotin, Vadius ou M. Bobinet. Les Moliéristes fanatiques défendirent leur dieu avec colère, la plupart des critiques dramatiques et littéraires rétorquèrent, avec justesse, une partie des accusations. Enfin, en 1908, Brunetière, dans une étude magistrale, d’une franchise indépendante et d’une savante sagacité, a semblé clore le débat à l’honneur du prévenu.

Ce qu’on doit reprocher, tout d’abord, à ces puritains les plus sincères, c’est d’étendre à toute l’œuvre une condamnation qui devrait, en bonne justice, n’en frapper que certaines parties, ou pour mieux dire, quelques détails. C’est d’oublier, ensuite, dans quelles conditions cette œuvre considérable fut presque toujours improvisée, en treize ou quatorze ans, dans l’agitation incessante d’un incroyable surmenage physique et intellectuel, par un homme maladif et irritable, chargé d’énormes responsabilités, harcelé par mille soucis professionnels et personnels. C’est d’oublier aussi que la plupart de ces pièces furent imprimées en hâte, sans que l’auteur puisse les bien corriger, ou même en dehors de lui et malgré lui et que les autres ne le furent qu’après sa mort, d’après des manuscrits non revus ou des