Aller au contenu

Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

finira l’auteur de la Faustin ? Comment a fini son frère ? Notre soleil est un gros hystérique, même la lune n’est qu’un mal blanc. Il n’y a qu’à Berlin où il n’y ait pas de détraqués.

*** n’a qu’à aller se mettre au vert, tout un été vert n’écoutant que les friselis des arbres verts, n’avoir l’œil ébloui que des nappes crues vert-perroquet des prairies, ne respirer que du fumier, déshabituer ses yeux du gaz par les humbles résines grésillantes et revenir à Paris avec un brin de santé à dépenser en un livre pour l’amour de l’Art, puis il ira se remettre au vert.

Voyez-vous une autre vie en 1882 à Paris pour un artiste frémissant à tout, sensitif, malade d’un nuage, heureux d’une nouvelle forme de chapeau pour Parisienne et s’autopsiant avec du Chopin. Voyez-vous une autre vie ?

D’ailleurs les maisons de santé sont ici-bas pour recevoir des pensionnaires. Toute cette danse macabre moderne m’amuse :

Espèce de Soleil, tu songes : Voyez-les,
Ces pantins détraqués buveurs de lait d’ânesse
Et de café…[1]

  1. Début d’un sonnet de Laforgue lui-même intitulé Encore à cet astre et qui figure, un peu différemment, dans le Sanglot de la Terre. (Cf. Œuvres complètes de Jules Laforgue : Poésies, tome I.)