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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/204

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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

XLIX

À Mme MULLEZER

Babelsberg, samedi,
[19 août 1882.]
Mon cher ami,

Je ne suis plus à Coblentz depuis un mois. Je suis au château de Babelsberg, à un quart d’heure de Potsdam, qui est à 40 minutes de Berlin. Je loge au bord de la Hafel, au bord d’une espèce de gros lac, avec en bas des lentilles d’eau, des grenouilles. Mon plaisir est de regarder les martins-pêcheurs bleus pêcher des poissonnets d’argent. Je médite sur le struggle for life. Ma maisonnette est perdue au milieu d’un vaste parc, dans lequel je me suis déjà égaré plus d’une fois. Il y a aussi à ma disposition (moi et mes amies) un petit vapeur minuscule et une barque avec rames. Je jette du pain aux cygnes qui passent. Il est très tard maintenant, j’écoute les grenouilles, les reinettes (ou