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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/160

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

Bohême, en grenats du Tyrol et en fer de Berlin, cravates-plastrons en métal ! éventails à 3 francs et des bagues ! des bagues ! Et les porte-bonheur avec inscriptions : « Dieu avec toi », « Dieu te protège ». Et de l’ivoire, surtout cette horrible broche faite des deux têtes d’ange d’un tableau dont la reproduction vous poursuit partout, la « Madone de saint Sixte », de Raphaël au musée de Dresde. Tous ces magasins ont un article à foison, un article caractéristique de la fameuse vie de famille : les albums de photographies pour poser sur la table du salon. Je le répète, le nombre de ces magasins est extraordinaire. Voilà ce que l’on fabrique ici et ce que l’on exporte avec succès ; c’est ce que les marchands de Hambourg qualifient de good for niggers, bon pour les nègres.

En passant, une remarque intéressante. L’enseigne de ces magasins est toujours Galanterie-Waaren, « objets de galanterie ». Cette expression est un vieil emprunt français, Saint-Simon dit (édition Régnier, page 74) : « une corbeille remplie de toutes les galanteries qu’on donne en ces occasions ».

Cette réalité du toc, du faux, du simili est si vraie que la plupart des autres magasins