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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/161

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

accompagnent les marchandises de leur étalage de pancartes avec Echt ! echt ! echt ! « Vrai ! vrai ! vrai ! ».

Passons en revue, au hasard, les vitrines intéressantes pour un Parisien.

Les enseignes sont très rarement en lettres dorées ; on peut dire toujours : noir sur blanc, — ce qui n’est pas gai. Jamais d’enseignes pittoresques comme « Au Bon Marché », « Au Printemps », pas plus qu’à la campagne comme « Au Cheval blanc », etc., rien que le nom du monsieur et ce qu’il veut vous vendre.

Quel fantaisiste eut, rue de Leipzig, il y a cinq ans, un petit magasin qui vécut une année, je crois, et qui portait bravement cette enseigne en français doré : « Au Bonheur des dames » ?

À Paris, la vitrine n’est pas qu’un étalage, mais quelque chose pour le plaisir des yeux et dont on renouvelle et rafraîchit la toilette chaque matin. La vitrine n’est pas encombrée, on ne désire pas montrer le plus possible, et la vitrine s’arrête à hauteur d’appui. Ici, vous vous appuyez le plus souvent à une rampe, car le trottoir est troué et la vitrine descend en pente dans les sous-sols, vous invitant à plonger le regard ; c’est laid, mais il y en a de