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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/183

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

les poches des basques de son habit, il en retire deux petites brosses, et le voilà qui, des deux mains, met vigoureusement en ordre sa raie de derrière et ramène ses cheveux par-dessus ses oreilles. (Ceci est la coiffure élégante que tout le monde se donne. Le simple soldat a pour ordonnance de ramener ses cheveux par-dessus ses oreilles.) Cela fait, il attend son potage, et parfois arrange ses ongles en l’attendant.

En quoi consiste la façon de mal manger de l’Allemand ? Tout d’abord il mange avec son couteau, il soulève des bouchées avec la lame de son couteau et les porte ainsi à sa bouche, et, en la retirant, serre des lèvres cette lame sans se couper, sans amener une effusion de sang ! Et l’on ne voit pas ceci qu’à la table des gens médiocrement élevés, on le voit partout, on le voit à la table de la cour. Il en est qui se servent ainsi du couteau pour tous les plats. La fourchette ne leur sert qu’à recevoir des pâtés de purée et de moutarde que le couteau polit et repolit. Leur façon de couper la viande est atrocement vulgaire, ils ne tiennent pas couteau et fourchette en avant et de haut, mais coupent en écartant les coudes. Le reste