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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/185

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

Les petits pains dont je viens de parler ne sont pas plus gros que le poing, un seul suffit à l’Allemand pour accompagner tout un dîner, et il en consomme la moitié avec son potage, non pas dans son potage, mais avec. Les Français étonnent les garçons avec leurs rappels incessants de petits pains, mais on ne leur fait pas payer un supplément. Le Français fut toujours connu pour son amour du pain. Au Moyen-Âge il portait le surnom de Jean Farine.

Dès cinq ou six heures, la carte à prix fixe disparaît et fait place à une carte grande comme un petit journal, divisée en deux : mets chauds, mets froids. Sur cette carte, les prix sont montés de beaucoup, mais les morceaux et la cuisine sont tout autres. On peut souper avec cette carte jusqu’à onze heures du soir. Il est agréable de souper le soir, aux lumières, une des horreurs du jour disparaît : la crasse générale du frac du garçon.

La cuisine allemande est reconnue comme la dernière de toutes, comme la française est la première. (M. de Bismarck l’a lui-même reconnu en disant : « La France est faite pour produire au monde des coiffeurs, des danseurs et des cuisiniers. ») Beaucoup de restaurants