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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/196

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

Il y a des journaux de famille dont chaque numéro donne en tête, et en caractères gothiques, une de ces sentences pédantes et vides si chères à l’Allemand. Voici un journal de mère de famille ; sa devise d’aujourd’hui est : « Laisse dire du mal de toi, mais vis de façon à ce qu’on n’en croie rien ». Ce journal est surtout composé par les abonnées. Les articles : « Moyen d’empêcher les enfants de trouer leurs chaussettes », signé : Une mère de famille en Saxe ; « Recette pour la soupe à la Humboldt, recette pour le dégraissage des ombrelles », etc., etc.

Un indice de la faculté familiale de l’âme allemande est la manie des anniversaires, la manie des jubilés.

On fête, par exemple, la vingt-cinquième année de siège d’un cocher de fiacre. Cela est d’ailleurs quelquefois poussé jusqu’à la caricature, et un mari donne un jubilé pour la dixième bonne chassée par sa femme.

Il y a aussi la manie des Vereine (associations) : Berlin en compte huit cents pour un million d’habitants. Mais c’est là le besoin de se réunir entre hommes, de boire ensemble, et cela fait, ainsi que la vie de brasserie, une jolie brèche à la vie de famille.