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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/198

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

réfléchir, ensuite commencer. » Ou bien quelque chose qui fera rire le destinataire, une tache d’encre avec ce mot : « Ah ! fatal ! » À l’époque du poisson d’avril, c’est, chez les papetiers, tout un étalage de plaisanteries à envoyer.

Je trouve dans un salon (classe noble de province) un album qu’on appelle un Connais-toi toi-même, Album. C’est un album dont chaque page contient, à l’endroit, un ovale qui attend la photographie du patient ; à l’envers, une colonne de questions auxquelles il faut répondre. Il y a un sous-titre : « Mémento pour la caractéristique des amis et des amies. » Puis une épigraphe, un distique prudhommesque de Schiller, puis une préface (signée), puis une poésie d’invitation aux amis et aux amies. Nous connaissons ces sortes d’album, du moins français. Celui que je feuillette a un supplément de deux questions bien allemandes : « Quel est ton plat préféré ? Quelle est ta boisson préférée ? » Les réponses à ces deux questions sont en général : le caviar, la salade italienne et, d’autre part, le champagne (pas vu trace de bière). Autres questions : « Quel est ton artiste préféré ? — Raphaël, Hildebrand, Canova, Deffregger, Thorwaldsen. — Et ton poète ? — Heine, Dante,