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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/204

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

qui portent le chapeau haut. On porte ou bien le tout petit couvre-chef en feutre ou bien le rubens aux larges ailes.

Je ne puis m’empêcher d’envier la perfection de leur cirage. Leurs chaussures semblent sortir d’un bain d’ivoire noir. En revanche, ils viennent en soirée avec des bottines qui ont l’air systématiquement décirées.

Le frac est ici chose commune. On n’en voit jamais à l’Opéra, mais tout le monde en a un ; c’est un costume comme un autre. Les garçons de café sont en frac, le garçon qui vous sert dans un misérable restaurant à dix-huit sous est en frac. Tristes fracs. De même qu’il n’y a pas un bon bottier ici, il n’y a pas un bon tailleur. La douzaine d’élégants que possède Berlin se pourvoit à Paris ou à Londres.

Ouverture de l’Exposition pour le Centenaire des salons berlinois. — Fracs en drap brûlé, ton de suie ; l’un d’eux en habit noir et pantalon blanc ; fracs boutonnés avec les pointes du gilet blanc dépassant par le bas ; breloques, gibus déplumés, larges cravates de satin. Deux ou trois artistes bien mis ; on se les montre : ce sont des Belges.

L’ouvrier n’a pas la blouse, mais la redingote ;