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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/220

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

Puis Jean l’Estrelle alla refaire connaissance avec deux ou trois rues avoisinantes, rues assez vivantes, mais après lesquelles finit le Berlincapitale[1].

Après un excellent dîner français qui ne coûta que 5 francs et en eût coûté 10 à Paris, il acheta l’indispensable Figaro, et alla s’asseoir au fond de la pâtisserie convenue. C’est un coin familier de Berlin ; on y consomme des choses fort propres, on y a les journaux allemands, plus l’Indépendance Belge et l’Illustration. Et, détail inestimable qui en fait un refuge, il est défendu d’y fumer.

La dame à la tulipe et à l’éventail ne se fit pas attendre ; elle se dirigea tout de suite et fort aisément vers Jean. Celui-ci se leva, s’inclina, et avança une chaise.

  1. À cet endroit, Laforgue avait d’abord écrit : Il se mit au courant par une simple inspection des colonnes d’affiches, pleines de programmes de concerts, programme de l’Opéra où l’on donnait Margarethe, c’est-à-dire le Faust de Gounod, les autres théâtres, encore presque tous comme toujours tributaires de Paris, le ballet Excelsior, Tête de Linotte, Fédora, le Monde où l’on s’ennuie, la Fille de Mme Angot. Encore une tournée chez les libraires aux vitrines ornées des volumes de MM. Malot, Daudet, Ohnet, etc. — et chez les photographes de célébrités où les innombrables membres des familles royales sont avec les professeurs de l’Université et les étoiles de théâtre parmi des Wagner, des Listz et des Sarasate aussi innombrables. Ajoutez-y celle de Jean l’Estrelle. Et Jean l’Estrelle crut être à Berlin depuis le commencement de l’hiver.