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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/287

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APPENDICE

Sur la même princesse, le prédécesseur immédiat de Jules Laforgue au poste de lecteur de l’impératrice, M. Amédée Pigeon, écrivait, en 1885, dans l’Allemagne de M. Bismarck, p. 141 :

Elle lit notre littérature, suit nos expositions, écoute le bruit de nos théâtres, s’intéresse aux discussions, aux querelles et aussi au rire et au sourire de Paris. Elle aime les Français parce que la grande éducation qu’elle a reçue lui a montré que si toute la lumière ne venait pas de France, du moins il venait de France beaucoup de lumière et de la belle lumière claire et dorée. Or l’impératrice a toujours préféré le soleil, même au plus fin, au plus poétique des brouillards.

L’impératrice vit donc en Allemagne les yeux fixés sur la France, elle a beaucoup lu, et lit beaucoup. Elle connaît Bossuet, et elle n’ignore pas Theuriet, ni Sully Prudhomme.

Elle donne l’hiver, à Berlin, le jeudi, des concerts où l’on entend Mme Artot de Padilla chanter du Gluck, Mme Tagliana chanter Carmen.

L’impératrice a toujours fait résolument et complètement son métier d’impératrice. Mais chacun sait qu’il y a deux femmes en elle : celle qui traverse la Salle Blanche, en manteau impérial, couverte d’émeraudes et de diamants (c’est celle-là que beaucoup d’Allemands connaissent) et celle qui, entourée de ses dames du palais, de ses dames d’honneur et de son secrétaire, lit ou se fait lire une belle étude d’histoire, une curieuse correspondance diplomatique et,