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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/43

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

dissentiment a brisé son contrat et quitté Berlin ; depuis, l’affiche de chaque jour porte au bas : Frl. Lehmann contraktbruchig, « Mlle Lehmann a brisé son contrat ». En 1884, en plein concert, le pianiste de Bülow traite l’Opéra de Berlin de « cirque Hulsen » (M. de Hulsen est l’intendant des théâtres royaux). M. de Hulsen fait distribuer à tous les employés la photographie de M. de Bülow pour qu’on ne laisse jamais entrer cet insulteur. En janvier dernier, M. de Bülow se trouve être entré à l’Opéra pour la première de Merlin ; aussitôt un employé vient le prier de sortir et lui remet le prix de sa place.

MILITARIA ! — Je me rencontre devant la boîte aux lettres de la poste avec un simple soldat ; il fait succéder à ma lettre une énorme enveloppe ; je n’en puis lire l’adresse, mais la lettre n’est pas affranchie et, au bas, un mot en gros caractères crève les yeux : « Militaria », c’est-à-dire affaires militaires, n’y touchez pas, c’est sacré !

L’heure culminante à Berlin est midi, c’est-à-dire l’heure où la garde qui relève les postes de la ville passe musique en tête devant le palais de l’empereur. Les fifres jouent ces airs