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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/65

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

de ses bulletins de guerre. Guillaume le Victorieux est, certes, de tous les Allemands, et mieux de tous les Prussiens, celui à qui ces prodigieux événements ont laissé le moins de morgue. Ce n’est pas seulement devant l’Europe ou devant le public allemand, mais aussi bien devant ses familiers du palais et dans les moments les moins officiels, que le souverain aime à répéter : « que c’est Dieu qui a tout fait, qu’il n’a été, lui, qu’un humble instrument ; que Dieu l’a choisi, lui, homme de patience, de fidélité et de discipline, alors que le tour de la Prusse et celui de l’unité allemande étaient venus et pour la paix de l’Europe ».

La paix de l’Europe ! elle repose, du moins selon la légende, dans le portefeuille rouge de quelqu’un qui n’invoque guère la grâce de Dieu et ne se sent pas plus l’instrument de la Providence que celui de son souverain. Celui-là a dit un jour sa devise, et cette devise est bien la dernière qu’eût choisie le maître qu’il était appelé à servir : « La grande maladie de ce siècle est la peur des responsabilités. »

Le chancelier ne vient pas tous les jours au palais. Quand les affaires ne sont pas ou ne doivent pas être importantes, c’est son fils Her-