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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/67

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

lion, on peut aussi se permettre quelques « responsabilités ».

Parfois le chancelier fait antichambre, il est alors bien curieux à observer. Il a positivement l’air d’un égaré, il scrute avec des regards fous les bibelots d’étagère les plus insignifiants, s’arrête soudain, se gratte la joue comme il fait au Reichstag quand il va parler, vous regarde sans vous voir, etc. Le chancelier entre dans le cabinet de l’empereur : le tête-à-tête commence. Ici, tout ce qu’on peut dire, c’est que si le chancelier est le maître, il se montre vis-à-vis de son souverain extrêmement humble, pénétré de vénération, et aussi bien qu’en public l’appelle « mon maître » et se proclame « son vieux serviteur ». On n’est pas plus réaliste.

C’est dans son cabinet de travail que l’empereur reçoit, c’est là qu’il vit, dans ce petit coin de ce petit palais. L’empereur habite le coin du rez-de-chaussée à gauche, et l’impératrice le coin de l’étage au-dessus. Ni luxe, ni