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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/69

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

trop aristocratique. Les traits de parcimonie abondent : à être racontés, ils n’auraient que le tort de paraître grotesquement invraisemblables.

Le cabinet de travail du souverain est encombré de souvenirs militaires ou de famille. Sur la table, un bouquet de bleuets toujours renouvelé ; dans un coin, des drapeaux. À Berlin, l’empereur ne quitte jamais son uniforme de général, un vieil uniforme un peu usé. C’est ainsi qu’il se montre avec la croix « Pour le Mérite » au cou, chaque jour, à midi, à sa fenêtre, quand la garde passe, musique en tête. Le soir, on descend sur cette fenêtre un rideau, à travers lequel on peut apercevoir encore le front penché de l’empereur travaillant à la lueur d’une humble lampe ; et des groupes stationnent, attendris, sous l’œil des sergents de ville qui gardent le palais.

Seuls, l’empereur et l’impératrice avec ses caméristes logent au palais. L’empereur est dans son cabinet de travail à paperasser, l’impératrice est en haut avec ses femmes. Le palais est sans animation, comme inhabité, surtout l’après-midi et le soir.

Le matin, le rez-de-chaussée est un peu égayé par les voix, les bruits d’éperons.