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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/252

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II

Une longue paix avait amolli les âmes et fait tomber ces haines de races, qui s’opposent à la communication des sentiments et au niveau des idées entre les peuples. L’Europe, depuis le traité de Westphalie, était une véritable république de puissances difficilement et imparfaitement pondérées, où l’équilibre général résultait du contre-poids que chacune faisait à l’autre. Un coup d’œil démontrait l’unité et la solidité de cette charpente de l’Europe, dont les membrures, se faisant une égale résistance, se prêtaient un égal appui par la pression de tous ces États.

L’Allemagne était une confédération présidée par l’Autriche. Les empereurs n’étaient que les chefs de cette antique féodalité de rois, de ducs et d’électeurs. La maison d’Autriche était plus puissante par elle-même et par ses possessions personnelles que par la dignité impériale. Les deux couronnes de Hongrie et de Bohême, le Tyrol, l’Italie et les Pays-Bas, lui donnaient un ascendant que le génie de Richelieu avait bien pu entraver, mais qu’il n’avait pu détruire. Puissance de résistance, et non d’impulsion, l’Autriche avait ce qu’il faut pour durer plus que pour agir. Sa force est dans son assiette et dans son immobilité. Elle est un bloc au milieu de l’Allemagne. Sa puissance est dans son poids : elle est le pivot de la balance européenne. Mais la diète fédérative ralentissait et énervait ses