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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/253

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desseins par les tiraillements d’influence que toute fédération entraîne. Deux États nouveaux, inaperçus jusqu’à Louis XIV, venaient de surgir tout à coup, à l’abri de la longue rivalité de la maison de Bourbon et de la maison d’Autriche. L’un dans le nord de l’Allemagne : la Prusse ; l’autre dans l’Orient : la Russie. La politique de l’Angleterre avait réchauffé ces deux germes, pour créer sur le continent des éléments de combinaisons politiques qui permissent à ses intérêts d’y prendre pied.


III

Il n’y avait pas encore un siècle qu’un empereur d’Allemagne avait accordé le titre de roi à un margrave de Brandebourg, souverain subalterne de deux millions d’hommes, et déjà la Prusse balançait, en Allemagne, l’autorité de la maison d’Autriche. Le génie machiavélique du grand Frédéric était devenu le génie de la Prusse. Sa monarchie, composée de lambeaux dérobés par la victoire, avait besoin de la guerre pour s’agrandir encore, de l’agitation et de l’intrigue pour se légitimer. La Prusse était un ferment de dissolution au milieu du corps germanique. L’Angleterre, soigneuse d’y entretenir des divisions, avait fait de la Prusse son levier en Allemagne. La Russie, qui préméditait sa double ambition contre l’Asie, d’un côté, contre l’Europe, de l’autre, en avait fait son avant-garde en Occident. Elle la tenait comme un camp avancé jusqu’aux