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Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/124

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les grands littérateurs de son siècle ? Saint Basile se trouvait bien en des termes d’amitié et en correspondance avec Libanius et autres savants d’Athènes, quoiqu’ils fussent payens ; en quoi cela nuisait-il à sa foi ? Peu de temps avant Eugenius, le pape Benoît XIV ne se trouvait-il pas en correspondance, et dans les meilleurs termes de civilité, avec Voltaire qui alla jusqu’à lui dédier sa tragédie de Mahomet ou le fanatisme ? Ne les a-t-on pas vus même s’y occuper à scander certains vers de l’Énéide, à propos de la valeur métrique de hic ? Eugenius s’adonnait lui aussi à ce genre de travail, il traduisit toute l’Énéide en vers hexamètres homériques ; — s’il n’y a pas entièrement réussi, qu’on nous dise quelle autre traduction de ce genre a suffisamment répondu à son but ?

Mais Eugenius fit plus et mieux : il traduisit, en grec moderne, l’ouvrage de Voltaire intitulé Essai historique et critique sur les dissensions des Églises en Pologne. Ce sont ces dissensions — soit dit en passant — excitées et fomentées par les jésuites de cette époque et de celles qui l’ont précédée, qui ont définitivement produit l’affaiblissement de la Pologne, et qui ont, en même temps, donné prise et motif à ses puissants voisins de la démembrer. Voltaire, sur ce point, a mérité de l’histoire en signalant cette ingérence funeste des jésuites, comme il a mérité de l’humanité, en dénonçant le hideux fanatisme des assassins juridiques de Calas.