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Page:Lanson - Boileau, 1922.djvu/143

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LA CRITIQUE DE BOILEAU.

verve et cette intensité de couleur qui sont la poésie du genre.

Il excluait l’élément pathétique de la comédie :

Le comique, ennemi des soupirs et des pleurs,
N’admet point en ses vers de tragiques douleurs.

Entre la tragédie et la comédie, il ne concevait point de genre intermédiaire. On sait que l’événement lui a donné tort, et que le xviiie siècle a créé deux formes dramatiques, pour lesquelles le xixe siècle a délaissé la tragédie et réduit la pure comédie à la farce ; l’une, le drame bourgeois, qui emprunte ses personnages à la comédie et son action à la tragédie ; l’autre, la comédie larmoyante, ou mixte, la pièce, comme on dit assez vaguement de nos jours, qui associe et fond dans des proportions diverses les impressions tragiques et comiques, le rire et les larmes.

La distinction absolue des genres et la détermination rigoureuse de leur nombre sont deux des points sur lesquels on a le plus de peine aujourd’hui à se mettre d’accord avec Boileau. Cependant il serait aisé de montrer que la distinction des genres n’est pas moins fondée en raison que celle des arts, et s’explique, d’une part, par la complexité de la nature et la diversité des rapports qui peuvent l’unir à notre sensibilité, d’autre part par la complexité de notre nature, mais aussi par ses bornes et par la nécessité où elle est de séparer dans ses modifications subjectives ce qui est confondu dans la réalité objective. Au