Aller au contenu

Page:Lanson - Boileau, 1922.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
L’HOMME.

pas : content de se sentir maître de sa volonté et de l’usage de son esprit, il continua de résider dans la maison de la cour du Palais qui avait passé à son frère Jérôme ; ce fut sans doute alors que, selon son expression, il « descendit au grenier », de l’étroite guérite sous le faîte du toit, où il avait logé jusque-là. Plus tard, on le trouve installé chez Dongois le greffier : il y vivait le jour, et avait pour la nuit une chambre au cloître Notre-Dame chez le chanoine Dreux. Après le mariage de Mlle Dongois avec M. Gilbert de Voisins, quand les enfants, « le tintamarre des nourrices et des servantes », forcent notre vieux garçon de poète à déloger, il va occuper, toujours au cloître Notre-Dame, dans la maison du chanoine Lenoir, « une chambre au premier étage, ayant vue sur la terrasse qui donne sur l’eau ». Son mobilier était d’une simplicité très bourgeoise. Ses habitudes étaient modestes, quoiqu’il fût assez riche sur ses vieux jours pour se donner un carrosse.

Il était bon ménager de son argent, très exact à tenir ses comptes, rangé et un peu serré, comme le plus bourgeois des marchands de la rue Saint-Denis. Mais ne nous y trompons pas : ce n’est pas l’argent qu’il aime, c’est l’ordre. Il compte, parce que c’est la raison. Au reste, il est généreux : il donne de l’argent à Linière qui court le chansonner au cabaret voisin ; il offre d’abandonner sa pension pour faire rétablir celle du vieux Corneille ; il achète à Patru sa bibliothèque, à condition qu’il continue de la garder chez lui sa vie durant. Par un scrupule de