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Page:Lanson - Boileau, 1922.djvu/206

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BOILEAU.

ques : il en garda un fâcheux renom de pédant et de cuistre, qui mit son œuvre en défaveur ; et même aujourd’hui, après tant d’années, quand depuis si longtemps le combat a cessé, et qu’il ne reste plus même que le souvenir des anciens partis, nous ne sommes point encore revenus des préjugés créés contre lui par l’acharnement qu’on mit au temps du romantisme à rendre sa doctrine responsable des misérables productions de l’art pseudo-classique.

Il semble qu’en notre siècle, il n’y ait pas lieu de parler de l’influence de Boileau. Car les romantiques lui faisaient la guerre, et cette agitation une fois apaisée, on ne revient pas à lui : il était décidément dépassé, relégué dans l’histoire, comme une pièce curieuse d’archéologie, qui n’a plus d’utilité actuelle. Le romantisme a creusé un abîme entre la France d’autrefois et la France d’aujourd’hui, au point de vue littéraire, comme la Révolution au point de vue politique et social. La littérature a suivi sa marche sans regarder en arrière : d’autres influences en ont réglé le mouvement, et elle s’est orientée vers de nouveaux principes. Les littératures étrangères et populaires ont présenté des types inconnus de beauté ; les sciences ont fourni leurs méthodes et leurs systèmes pour fonder de nouvelles doctrines esthétiques et critiques. Une conception relativiste, qui lie l’œuvre du littérateur au caractère de la race, à l’esprit de siècle, au tempérament de l’auteur, autorise toutes les audaces et toutes les nouveautés. Enfin la liberté règne dans l’art : toutes