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Page:Lanson - Boileau, 1922.djvu/207

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L’INFLUENCE DE BOILEAU.

les barrières, tous les freins sont ôtés ; nuls objets ne sont interdits, nuls moyens prescrits à l’artiste, pourvu que le résultat de sa libre activité soit une œuvre vraie et une œuvre d’art. Qu’a-t-on affaire de Boileau ? de quel secours, ou bien en quel crédit peut-il être ?

Ce ne serait pas pourtant un paradoxe d’avancer que l’évolution de la littérature en ce siècle nous a plus rapprochés qu’éloignés de Boileau. Ne parlons pas, si l’on veut, d’influence ni d’autorité : mais regardons seulement l’accord des conceptions et l’identité des principes directeurs de la création littéraire. Eh bien, c’est précisément au xviiie siècle, quand Voltaire ne veut pas que personne (sauf lui) médise de Nicolas Boileau, que vraiment celui-ci n’a pas d’action directe et personnelle sur la littérature. Et le xixe siècle sans y songer, par une évolution naturelle, s’est vu ramené plus près de Despréaux que le xviiie siècle n’a jamais été : si l’on regarde du moins les lois qui règlent la pratique, et non la méthode qui les établit.

Subjectif et lyrique par essence, le romantisme est assurément irréductible à l’art classique, objectif, et oratoire, ou dramatique : d’autant que se proposant de le ruiner, il fait son affaire de le contredire, et prend partout le contre-pied des règles, sans autre raison parfois que le besoin de leur donner un démenti.

Mais après le romantisme apparut le naturalisme, et, en dépit de la plupart des naturalistes, le natu-