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Page:Lanson - Boileau, 1922.djvu/208

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BOILEAU.

ralisme est de très près, en son principe, apparenté à l’art classique.

On pourrait se demander si, à l’heure présente[1], ne commence pas, avec les décadents et les symbolistes, une ondulation nouvelle, en sens inverse du naturalisme, et qui emporterait de nouveau la littérature vers un idéal contraire à celui de Boileau. Nul ne peut dire aujourd’hui ce qui sortira de ce mouvement : il n’y a rien pour ainsi dire dans les doctrines de la nouvelle école, autant qu’on peut les comprendre, qui ne soit un démenti donné au naturalisme, comme à l’Art poétique, à tous les préceptes tendant à l’expression d’un objet réel dans une forme fixe et finie. Mais peut-être n’en sera-t-il pas toujours ainsi et l’on pourrait peut-être avancer que si elle doit durer et réussir, elle ne le fera qu’en transigeant avec Boileau, en se lestant pour ainsi dire de raison classique. Car je ne sais pas si les principes de Boileau — tels qu’on peut les définir — sont des lois générales et souveraines de la création littéraire : mais il se pourrait faire et l’expérience semble indiquer que, dans leur signification essentielle et profonde, ils représentent les exigences fondamentales et permanentes du goût français. Depuis deux siècles, dans notre littérature, ce qui s’est trouvé sain, solide et durable, ce qui s’est sauvé de l’oubli et de la flétrissure du

  1. Cette page a été écrite en 1892 ; et les prévisions qui y sont indiquées n’ont pas été démenties par l’évènement (1914).