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Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/132

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votre première parole d’amitié, ne l’abandonnai-je pas cette indépendance en acceptant votre couvent ? Tenez, dès que je suis devenue quelque chose, je me suis dit : Je pourrai donc avoir le droit de l’aimer, de l’appeler de son joli nom, et de ne pas toujours lui dire : Mademoiselle !

— Chère petite, ce qui vous arrive me rend heureuse ; mais je suis bien égoïste, allez ; je ne puis me consoler de voir que le bonheur ne vous vient pas de moi. C’est la première douleur que le monde me donne, ou plutôt la première joie qu’il me refuse. Enfin, votre affection me reste ; je ne veux plus me plaindre. Expliquez-moi tout, car ce que je savais de vous m’empêche de comprendre votre présent.

— Je le crois, dit Violette en s’asseyant. Je suis devenue toute une autre moi-même. Voici mon histoire : Vous savez que lorsque j’ai quitté mon magasin, une personne demandait à me voir. C’était un monsieur. Mademoiselle Victorine le reçut et me fit appeler après l’entrevue. Je me rendis près d’elle et la trouvai prête à sortir. Il y avait dans la boutique un homme qui me fit l’effet d’un avoué ou d’un notaire, à cause de sa cravate blanche. Tous deux montèrent dans un fiacre et m’emmenèrent avec eux. Je ne comprenais rien et je disais tout haut mes suppositions. Contre son habitude, ma maîtresse ne riait pas de mes plaisanteries. Nous