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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/13

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ENFANCE ET JEUNESSE.

vigoureux, il en sera moins charmé que choqué. Ainsi, un rapport originel existait entre l’enfant et son pays. Lorsque l’on visite aujourd’hui la petite ville où il est né, en songeant au poète qui y revint souvent et l’aima toujours, ce n’est pas un sacrifice aux procédés de la critique contemporaine que de trouver un accord entre ce séjour et ce génie. La vigueur sobre et l’harmonie du site ont leur analogie avec la poésie racinienne.

La mère du poète, Jeanne Sconin, mourait au mois de janvier 1641, en mettant au monde une fille, Marie. Remarié en 1642, le père mourait, à son tour, trois mois après ce second mariage, le 6 février 1643. Ainsi Racine restait orphelin à moins de quatre ans, avec sa jeune sœur. Il n’eut aucun rapport avec sa belle-mère, Madeleine Vol, remariée trois ans après. Les deux enfants furent recueillis par leurs grands-parents. C’étaient, du côté paternel, Jean Racine, contrôleur du grenier à sel, et sa femme, Marie des Moulins ; du côté maternel, Pierre Sconin, président du grenier à sel. Il semble que le frère resta dans la maison de Jean Racine et de Marie des Moulins, tandis que la sœur était élevée par Pierre Sconin ; arrangement tout naturel : le garçon allant du côté du père, la fille du côté de la mère.

On ne sait à peu près rien du grand-père, Jean Racine ; il mourut en 1649, et son petit-fils n’en parle point. En revanche, la grand’mère, Marie des Moulins, fut pour l’enfant une seconde mère et lui inspira l’affection la plus reconnaissante. Racine écrivait à sa sœur, le 23 juillet 1663 : « Lorsque j’ai un