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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/194

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RACINE.

aussi naturels, mais aussi nécessaires que l’usage du français lui-même, car ils en faisaient partie intégrante.

Il va de soi que les tetmes empruntés à la mythologie et à l’histoire sont nombreux dans la langue de Racine, comme inséparables des sujets tragiques. Ce qui lui appartient, c’est le parti qu’il en tire. Que le sujet soit grec ou romain, turc ou biblique, il transforme ces simples indications en couleur et en poésie. Un mot lui suffît pour tracer un tableau. Ainsi, l’ordre de Roxane :

 
Que désormais le Sérail soit fermé,
Et que tout rentre ici dans l’ordre accoutumé.

Ainsi, l’évocation par Hippolyte du grand exploit de Thésée :

Et la Crète fumant du sang du Minotaure…


et l’effrayante filiation de Phèdre :

La fille de Minos et de Pasiphaë.

Le style noble, le langage de la galanterie et de la cour, les termes historiques ou mythologiques n’écartent nullement de la langue racinienne les expressions simples, énergiques ou même hardies. Les grammairiens du xviiie siècle, dans leur purisme étroit et leur ignorance pédante, étudiaient la langue de Racine sans la comparer avec celle de ses contemporains, ou même ils ne la connaissaient elle-même que de façon incomplète. Ils ont longtemps égaré la critique en louant à faux la noblesse comme la familiarité de Racine. En réalité, selon les besoins